LE Danger du Syndrome de NOEL (Ce n’est pas ce que tu crois !)

J’ai une confession à te faire.
Je souffre du syndrome de Noël.

Non, non ce n’est pas que j’ai envie que Noël vienne tous les jours de l’année, écouter du Mariah Carey à longueur de journée ça finirait par me faire péter un plomb.

Le syndrome de Noël c’est un nom que j’ai inventé pour ce drôle de truc qui m’empêche parfois d’avancer.

Je te préviens, c’est un peu chelou.

Et comme d’hab en écrivant ces lignes j’espère que certains d’entre vous se diront « ouii moi zaussiiii » et on ira se faire des hugs un soir d’été où on sera tous de sortie au même endroit, parce que oui les utopies du genres j’y crois.

Mais j’ai bien peur que ce soit trop bizarre et que tu te dises « heuuu non vraiment je vois pas ».

Enfin, on verra.

Je crois que le mieux c’est que je te l’illustre par une histoire.

Viens, on s’en va faire un bond dans le passé...

***

Séoul, 2010.

Je viens de débarquer en Corée les étoiles peins les yeux et le cœur tout léger parce qu’ils m’en avaient vendue de la magie ces coréens !
Tu les as vu leurs séries ?
Romances et aventures à l’eau de rose à n’en plus finir.
L’univers parfait pour une introvertie sensible comme moi.


Alors évidemment, quand par hasard je rencontre un type dans le métro (COMME DANS LES SERIES),  qu’il a tout juste le temps de choper mon numéro (COMME DANS LES SERIES) et qu’il m’écrit le soir même qu’il faut qu’on se voie vite parce qu’il quitte le pays bientôt (COMME DANS LES SERIES !), j’accepte immédiatement.

On passe une soirée magique, je rigole pour rien, on s’embrasse sous un cerisier en fleurs (heuuu là j’invente peut-être, c’était encore l’hiver je crois) enfin bref, je me dis que c’est génial, que c’est juste incroyable cette histoire et que woooaaaa le fait qu’il s’en aille déjà c’est encore plus romantiqueee !

Et puis on commence à s’écrire des lettres.
On apprend à se connaitre par les mots.
Je reçois une lettre en coréen une fois, et je la déchiffre secrètement pendant les cours.
L’écriture ça libère, ça vous le savez, alors je découvre une autre personne et je lui permets aussi de voir qui je suis.

Le temps passe.

On parle de se retrouver, un jour, dans le même pays.
Peut-être dans quelques semaines.
Peut-être dans quelques mois.

Et puis le temps passe encore.

Un jour il en a marre, il me demande de décider.
C’est un type qui a les pieds sur terre, il lui faut une date, une heure, une ville, un pays.
Mais moi je me complais dans cette drôle de correspondance, j’aime la distance des mots et les kilomètres qui nous séparent.
J’aime l’idée de cette relation.

Alors je lui écris cette lettre qui va tout changer.
 
Je lui parle du Syndrome de Noël.

« Je suis désolée, ça va te paraître bizarre mais... comment dire... notre relation je la vois un peu comme Noël.
Tu vois, moi j’adore Noël.

Depuis toute petite j’ai chaud au cœur des mois à l’avance.

J’adore les préparations, les bougies, les chants, les ambiances, les calendriers, les odeurs. J’aime vraiment tout avec Noël !

Sauf eh bien.. sauf le jour de Noël. J’ai peur du jour de Noël.
Parce que c’est la fin.
C’est la fin de l’anticipation.
C’est la fin de l’excitation.
C’est la fin des soirées passées à rêver de Noël.
Le vrai jour de Noël marque la fin de mois passés à fêter la venue de cette fête.

C’est bien là, la drôle d’ironie : le jour que l’on passe toute une année à attendre marque aussi la fin de ses réjouissances.

Et avec nous, je crois que c’est pareil.
On aime plus l’idée d’une potentielle relation.

Et si on se rencontre  à nouveau eh bien.. ça risque d’être comme Noël.
La fin des réjouissances.
La réalisation que tant que ça restait dans nos esprits, tout ça c’était bien mieux.
Alors je crois qu’on devrait s’arrêter là. »

J’étais jeûne et naïve (oui oui je sais je suis toujours naïve et pas si vieille! :p) et entre nous je crois qu’il y avait beaucoup d’autres raisons qui m’avaient convaincue de mettre fin à cette correspondance.
Et oui, je crois bien que j’avais utilisé le syndrome de Noël comme excuse pour finir cette histoire.


Seulement voilà.
Ce syndrome est bien réel en moi.
Cette croyance que tout est meilleur dans l’attente.
Que tout est meilleur dans l’imagination.


Des fois c’est bien.
Je sais profiter A FOND du voyage, et d’une certaine façon je m’en contre-fiche de la destination.

Mais parfois à trop aimer le voyage, je repousse l’arrivée.
Et je me mets à avancer plus lentement, en prenant trop de détours, sous prétexte que c’est comme ça que j’aime la vie, et puis il y du vrai là-dedans aussi !

Je suis tombée un jour sur cette citation qui m’a fait TILT.
C’était ça ma peur, c’était ça mon problème.
C’est cette peur là que je combats encore tous les jours.

« I dread success. To have succeeded is to have finished one’s business on earth, like the male spider, who is killed by the female the moment he has succeeded in courtship. I like a state of continual becoming, with a goal in front and not behind. » George Bernard Shaw

Bon, oublie la partie sur l’araignée, pas sûr que ce soit la meilleure métaphore (quoique marquante pour sûr !) mais t’as compris l’idée.

Des fois ce n’est pas de rater nos rêves qui nous fait peur. Mais bien de réussir.

J’avais longtemps rêvé d’apprendre le coréen en Corée.
Et puis un jour j’y étais, et je le parlais.
J’avais réussi ce rêve.

Et d’un coup j’étais perdue et je ne savais plus ce que je voulais.
Alors j’ai inventé cette histoire du syndrome de Noël, parce que c’était plus simple, plus simple que d’affronter cette drôle de peur que je n’aime pas admettre.

Pourtant depuis la Corée je me suis trouvée d’autres rêves.
Surtout aujourd’hui, des ambitions j’en ai tellement !
Mais parfois j’avance lentement.
Et je sais que c’est à nouveau cette peur.
Cette peur du vide qui vient après une réussite.
Ce sentiment de détresse qui vient le lendemain de Noël.

Heureusement j’en ai conscience.
Alors quand je réalise que je me replonge dans le syndrome de Noël, je me fous des claques (métaphoriques les claques, métaphoriques ! :p) et je me remets avec compassion dans la bonne direction.

Parce qu’au final atteindre un but ce n’est jamais la fin.
Atteindre un but, réaliser un rêve ce n’est que le début.
C’est le début d’une série infinie d’autres rêves merveilleux.
C’est le début d’une multitude d’incroyables voyages.

C’est le début de magnifiques transformations.

Je sais pas ce que t’en dis, mais ce serait quand même dommage de trop traîner aux premières étapes et de rater toutes les autres aventures !

Alors réalisons-les ces rêves !!
Ne les laissons pas à l’imagination, elle en garde déjà bien assez.


Et puis débarrassons-nous du Syndrome de Noël.
De toute façon, qu’on le veuille ou non, Noël c’est chaque année. ;) <3

 

***
Et toi, raconte-moi ?

Tu t’es déjà sentie un peu perdue juste après la réalisation d’un rêve ?
Tu souffres aussi du Syndrome de Noël ?